Colette Báthory

Quel regard impérieux ! Colette Báthory se blottit lascivement dans les coussins de soie de l’alcôve royale… Voyez cette délicate petite arabesque rococo, souple et flexible, avec sa taille de serpent et ses abondantes boucles sépharades qui entourent sa mignonne petite tête. Un mélange chatoyant de charme de petit garçon et d’allure de diva lorsque la petite se prélasse – elle lève peut-être les yeux d’un livre que vous n’avez bien sûr pas remarqué. Vous êtes trop fasciné par la sensualité rêveuse de ses lèvres en pétales, ses joues veloutées, ombragées par les longs cils de ses yeux de biche… La clarté de son regard vous échappe-t-elle, dans cet éclat de l’œil ? La dureté implacable et la force de volonté qui s’y concentrent ? Faites attention : Colette est une petite favorite coquette du diable. Le péché invétéré de ce corps de maîtresse aux courbes excitantes est habité par un esprit bien éveillé.

Colette Báthory à son propos.

Toute ma vie, j’ai voyagé. Où est ma patrie ? Enfant, je n’ai jamais vécu longtemps au même endroit que mes parents – en France, en Israël, en Afrique de l’Est, en Inde… J’ai fini par partir seule à Londres, puis à New York. De tous les endroits du monde, New York est la ville dont je suis le plus proche. Mais mes racines remontent loin dans l’histoire de l’Europe. Ma grand-mère était issue de la famille Nadásdy – ou de sorcières carpatiques, qui sait ? La réponse se trouve dans la nuit des temps. Les femmes comme moi sont faites de l’étoffe dont sont faites les sorcières et les souveraines. Ou des régentes accusées de sorcellerie. Des solitaires dont les noms ont été effacés, mais dont la lignée se perpétue jusqu’à moi, leur plus jeune témoin vivant. Notre force mystérieuse repose sur notre esprit de contradiction : c’est justement lorsque nous sommes seules face à la force supérieure que nous sommes le plus profondément remplies de nous-mêmes, et que nous pouvons devenir qui nous sommes.

Colette, Colette, qui es-tu ? Qu’est-ce que tu es ? Je suis une Française hongroise, une Franco-Américaine, une fille de New York à Berlin. Ce Berlin, cet îlot de liberté dans un monde à nouveau plus menaçant, est la ville de mon choix. Je suis venue la conquérir.